samedi 19 juillet 2014

Les séparatistes accusés de détruire des preuves sur le site du crash du MH17 (Le monde, 19/8/14)





Qu'est-ce que les separatistes dans l'est de l'Ukraine sont en train de faire alors que la communaute internationale reste impuissante ou sans volonte a les empecher de detruire des preuves a l'egard de l'origine du crash du MH17?


Les séparatistes accusés de détruire des preuves sur le site du crash du MH17

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Une pièce de l'avion malaisien qui s'est écrasé dans l'est de l'Ukraine.

Quarante-huit heures après le crash du vol MH17 dans l'est de l'Ukraine, abattu par un tir de missile en provenance de la zone contrôlée par les séparatistes pro-russes dans l'est du pays selon les Etats-Unis, l'enquête sur les circonstances du drame reste au point mort : les rebelles ont une nouvelle fois empêché samedi l'accès au site aux responsables ukrainiens et aux inspecteurs internationaux, même si un accord pour établir une « zone de sécurité » a été passé.

  • « Des indices vitaux non préservés »
Le site du crash du vol MH17 se trouve en zone rebelle, près de la ville de Chakhtarsk. Le conflit armé en cours entre séparatistes prorusses, qui ont refusé un cessez-le-feu ponctuel, et le gouvernement ukrainien rend les opérations particulièrement complexes. Vendredi et samedi, une trentaine d'inspecteurs de l'OSCE, première équipe internationale arrivée sur les lieux, n'a obtenu qu'un« accès limité » au site étendu sur plusieurs kilomètres où gisent valises éparses,livresjeux d'enfants et passeports et où règne une odeur presque insoutenable.
Certains débris « semblent avoir été déplacés » sur le site du crash du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, a indiqué samedi soir à Donetsk le porte-parole de la mission d'observation de l'OSCE. Il a fait état de « sacs de duty free ouverts » et de « bouteilles d'alcool cassées », mais aussi de débris apparemment brûlés, mais reposant sur des sections du sol qui ne présentaient pas de traces d'incendie.

Un séparatiste prorusse sur le lieu du crash du MH17, le 17 juillet 2014.

Kiev avait auparavant accusé les rebelles de « chercher à détruire, avec le soutien de la Russie, les preuves de ce crime international ».  Le ministre destransports malaisien, Liow Tiong Lai, a également fait part de son indignation samedi après être arrivé en Ukraine :
« L'intégrité du site a été compromise, et il y a des indications montrant que des indices vitaux n'ont pas été préservés sur place. Des interférences sur la scène du crash risquent defausser l'enquête elle-même. (...) Ne pas empêcher de telles interférences constituerait une trahison à l'égard des vies qui ont été anéanties. Nous devons avoir un accès total au site et nous assurer que les indices sur le site de l'accident ne sont pas altérés. Le plus important maintenant est d'établir qui a abattu l'avion malaisien MH17. Nous réclamons justice. »
  •  Aucune trace des boîtes noires
Le Conseil de sécurité ukrainien a par ailleurs indiqué n'avoir eu encore aucune information concernant les boîtes noires du vol MH17, qui  n'ont pas été remises aux autorités de KievLes séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine avaient dit jeudi soir avoir récupéré une de ces boîtes noires mais n'ont fourni aucune preuve qu'ils détenaient l'enregistreur.
Si l'analyse de ces enregistreurs devrait donner des informations sur les dernières minutes de vol, elle ne devrait toutefois apporter que peu de réponses sur la véritable inconnue de cette affaire : l'origine du tir. Les analyses des traces d'explosifs retrouvées sur les débris pourraient en revanche apporter des éléments décisifs.
  • Les corps des victimes déplacés par les rebelles
Le chef de la diplomatie néerlandaise, Frans Timmermans, représentant un pays ayant perdu 192 ressortissants dans le crash, s'est dit pour sa part « choqué » et« indigné » par le traitement des corps des victimes sur place, dont certains ont été transportés par les séparatistes sans contrôle ou supervision indépendante.

Un séparatiste garde des corps des victimes du crash du MH17, le 19 juillet.
Un séparatiste garde des corps des victimes du crash du MH17, le 19 juillet. | REUTERS/MAXIM ZMEYEV

« Vingt-sept corps ont été enlevés ce matin », a confirmé un chef séparatiste samedi, déclenchant les foudres du gouvernement ukrainien :
« Les terroristes ont transporté 38 corps de victimes à la morgue de Donetsk, où des spécialistes parlant avec un net accent russe ont déclaré qu'ils procéderaient à leur autopsie. Les terroristes cherchent aussi des moyens de transport à grande capacité pour transporter les restes de l'avion en Russie. »
L'administration régionale de Donetsk, fidèle à Kiev, avait cité dès vendredi des « témoins sur place » dans le village de Rozsypné, proche du site du crash, pouraffirmer que des combattants séparatistes armés ont pris des corps de victimes« pour les charger sur des camions et les emporter ».
  • La Russie est d'accord pour une enquête internationale
Plusieurs dirigeants ont appelé Moscou à user de son influence pour mettre fin à la situation et à faciliter les recherches. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a directement exprimé samedi sa « profonde préoccupation » à son homologue russe Sergueï Lavrov : « Les Etats-Unis sont très préoccupés par le fait que, pour la deuxième journée consécutive, les enquêteurs internationaux et de l'OSCE se sont vu refuser un accès adéquat au site du crash ».
Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, fait partie de ceux ayant demandé à Vladimir Poutine d'intervenir, alors que 192 Néerlandais sont morts dans la catastrophe.
C'est dans ce contexte qu'Angela Merkel s'est entretenue avec Vladimir Poutine samedi. Au cours de leur discussion, « les deux dirigeants sont tombés d'accord pour qu'une commission internationale, indépendante sous la direction de l'organisation de l'aviation civile internationale (OACI) puisse avoir rapidement accès au lieu de l'accident de l'avion, pour élucider les circonstances de la chute et dégager les victimes », a indiqué le gouvernement allemand.
Rendant également compte de cette conversation, le Kremlin déclaré que « les deux dirigeants avaient insisté sur l'importance d'une enquête objective et rigoureuse »« La chancelière considère de manière positive le fait que la Russie est prête à envoyer des représentants pour participer à l'enquête », écrit le Kremlin dans un communiqué.
La Russie a par ailleurs rejetté vigoureusement toute responsabilité dans ce drame, après les accusations de Barack Obama la veille.



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