Elle passe une enfance triste et solitaire, au
palais Pitti car elle est orpheline de mère à 5 ans et de père à 12 ans. Son oncle
FerdinandIer de Médicis monte sur le trône de Toscane et épouse
Christine de Lorraine, petite-fille de la reine consort de France
Catherine de Médicis. Nonobstant son désir de donner un héritier à sa dynastie, il fait donner à ses neveux et nièces orphelins une bonne éducation. Marie apprécie particulièrement les disciplines scientifiques et notamment les sciences naturelles, et se passionnera pour les bijoux, les pierres précieuses.
Proche des artistes de sa
Florence natale, elle est formée au dessin par
Jacopo Ligozzi, où elle se montre très douée ; elle joue aussi de la musique (chant et pratique de la guitare et du luth), apprécie le théâtre et la danse.
Physiquement, elle devient une femme de belle prestance, grande, grasse. Elle a le teint blanc, de petits yeux et des cheveux châtains.
Très dévote, elle est réputée avoir peu de jugement et de largeur d'esprit et, intellectuellement, dépendre terriblement de son entourage. Indolente et nonchalante, elle a pour seuls compagnons ses deux sœurs, Anne et Éléonore, et un frère. Son frère et sa sœur Anne mourront tous deux très jeunes, il ne lui restera que sa sœur aînée Éléonore qui, quelques années plus tard, sera mariée au duc de Mantoue. Après le mariage de sa sœur, il ne lui restera pour seul compagnon de jeux que son cousin germain Virginio Orsini sur qui elle reporte toute son affection.
La richesse des Médicis attire vers Marie de nombreux prétendants, notamment le prince
François II de Lorraine, frère de la grande-duchesse de Toscane, tante et tutrice de Marie.
Mais un parti plus prestigieux se présente : Marie épouse le roi de France
Henri IV le
17 décembre 1600 à Lyon. Interprète de ballets, collectionneuse, son mécénat artistique contribue à développer les arts en France.
Le mariage de
Henri IV avec Marie de Médicis répondait avant tout pour le roi de France à des préoccupations dynastiques et financières. En effet, les Médicis, banquiers créanciers du roi de France, promettent une dot d'un montant total de 600 000 écus d'or (2 millions de livres dont 1 million payé au comptant pour annuler la dette contractée par la France auprès de la banque Médicis), ce qui valut à la reine le surnom de « la grosse banquière » (expression de sa rivale jalouse, la maîtresse du roi
Henriette d'Entragues).
Son arrivée en France, après son mariage florentin par procuration et avant la cérémonie de
Lyon, est retentissante. Deux mille personnes constituent sa suite. C'est
Antoinette de Pons, marquise de Guercheville et dame d'honneur de la future reine, qui est chargée de l'accueillir à
Marseille. La marquise avait si bien su résister aux projets galants du roi que celui-ci lui avait dit : « Puisque vous êtes réellement dame d'honneur, vous la serez de la reine ma femme ». Il tient parole et la charge d'aller l'accueillir à
Marseille. Après son débarquement, Marie de Médicis rejoint son époux à
Lyon où ils passent leur nuit de noce avant la cérémonie religieuse qui doit avoir lieu le lendemain.
Marie de Médicis est rapidement enceinte et met au monde le
dauphin Louis le
27 septembre 1601 au grand contentement du roi et du royaume qui attendent la naissance d'un dauphin depuis plus de quarante ans. Marie continue son rôle d'épouse et donne à son mari une nombreuse progéniture (6 enfants en l'espace de 9 ans), excepté les années 1603-1606, période pendant laquelle Henri IV porte ses assiduités vers ses maîtresses.
Marie de Médicis ne s'entend pas toujours avec
Henri IV. D'un tempérament très jaloux, elle ne supporte pas ses aventures féminines et les nombreuses indélicatesses de son époux à son égard. En effet, il l'oblige à les côtoyer et lui refuse souvent l'argent nécessaire pour régler toutes les dépenses qu'elle entend réaliser pour manifester à tous son rang royal. Des scènes de ménage ont lieu, suivies de périodes de paix relative. Marie de Médicis tient beaucoup à se faire couronner officiellement reine de France, mais
Henri IV, pour diverses raisons, politiques notamment, repousse la cérémonie. Il faut attendre le
13 mai 1610, et le projet d'une longue absence du roi -
Henri IV partant conduire « une promenade armée » pour régler un conflit politique entre des princes du
Saint-Empire, l'
affaire de Clèves et Juliers - pour que la reine soit couronnée en la
basilique Saint-Denis et fasse son entrée officielle dans
Paris. Le lendemain, le roi est assassiné.
Lorsque Henri IV meurt assassiné le
14 mai 1610, Marie de Médicis assure la
régenceau nom de son fils,
Louis XIII, âgé de seulement 8 ans et beaucoup trop jeune pour régner par lui-même. Marie commence par garder les conseillers de son époux. Par la suite, elle s'en sépare et se fait
gouvernante de la Bastille. Régente, elle est en position de faiblesse à l'égard de la noblesse du royaume et des voisins européens. En
1615, elle se rapproche de l'Espagne, rapprochement qui se concrétise par un double mariage franco-espagnol. Son fils, le roi Louis XIII, épouse
Anne, infante d'Espagne, sa fille, Élisabeth, épouse l'infant
Philippe IV d'Espagne.
La politique de la reine provoque néanmoins des mécontentements. D'une part, les protestants s'inquiètent du rapprochement de Marie avec
Sa Majesté Très Catholique, le
roi d'Espagne,
Philippe III. D'autre part, Marie de Médicis tente de renforcer le pouvoir monarchique à l'aide de dames d'atours comme
Leonora Galigaï, sa compagne de jeux d'autrefois, et d'hommes comme
Concino Concini, l'époux de celle-ci, ce qui déplaît profondément à une certaine partie de la noblesse française. Penchant pour la xénophobie, la noblesse désigne comme responsables les immigrés italiens supposés entourer Marie de Médicis et nuire au royaume de France. Ils s'enrichissent, dit-elle, à ses dépens. Profitant de la faiblesse causée par la régence, des nobles de grandes familles, avec le
prince de Condé à leur tête, se révoltent contre Marie de Médicis pour obtenir eux aussi des compensations financières.
En application du traité de Sainte-Ménehould (
15 mai 1614), la reine convoque les
États Généraux à Paris. Le prince de Condé ne parvient pas à structurer son opposition au pouvoir royal. Cependant, Marie de Médicis s'engage à concrétiser l'alliance avec l'Espagne et à faire respecter les thèses du concile de Trente. Les réformes de la
Paulette et de la taille restent lettre morte. Le clergé joue le rôle d'arbitre entre le Tiers État et la noblesse qui ne parvenaient pas à s'entendre. Le lieutenant civil Henri de Mesmes déclara ainsi que les ordres étaient frères et enfants d'une mère commune, la France. Un des représentants de la noblesse lui répondit qu'il se refusait à être le frère d'un enfant de cordonnier ou de savetier. Cet antagonisme profita à la Cour qui prononça bientôt leur clôture. La régence est officiellement close à la suite du
lit de justice du 2 octobre 1614, mais Marie de Médicis devient alors chef du
Conseil du roi de France, et dans les faits garde tout son pouvoir.
Une période de calme relatif suit les cérémonies du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche le
21 novembre 1615 à Bordeaux.
Un an après la fin des
États généraux, une nouvelle rébellion de Condé permet son entrée au Conseil du roi par le
traité de Loudun du
3 mai 1616, qui lui accorde également la somme d'un million et demi de livres et le gouvernement de la
Guyenne.
Pendant ce temps, les protestants obtiennent un sursis de six ans à la remise de leurs places de sûreté au pouvoir royal.
C'est bien des années après, lorsque Marie de Médicis est exilée par son fils, que naît lentement la légende noire de Marie de Médicis : on parle alors de montée en puissance de ses favoris italiens, du gaspillage financier causé par l'appétit financier de la reine et de son entourage, de la maladresse et de la corruption de sa politique qui auraient dominé sous son gouvernement. Par ailleurs, la reine et le roi son fils s'entendent mal. Se sentant humilié par la conduite de sa mère, qui monopolise le pouvoir, Louis XIII organise un
coup d'État, le
24 avril 1617, (appelé « un coup de majesté ») en faisant assassiner
Concino Concini par le marquis de
Vitry. Prenant le pouvoir, il exile la reine-mère au
château de Blois.
Le
22 février 1619, la reine s'échappe de sa prison par une échelle de corde, franchissant un mur de 40 m éboulé. Des gentilhommes lui font passer le pont de Blois et des cavaliers envoyés par le
duc d’Épernon l'escortent dans son carrosse. Elle se réfugie dans le
château d'Angoulême puis provoque un soulèvement contre le roi son fils (« guerre de la mère et du fils »).
Un premier traité, le traité d'Angoulême, négocié par
Richelieu, apaise le conflit. Mais la reine-mère n'étant pas satisfaite, relance la guerre en ralliant à sa cause les Grands du royaume ("deuxième guerre de la mère et du fils"). La coalition nobiliaire est rapidement défaite à la
bataille des Ponts-de-Cé par le roi qui pardonne à sa mère et aux princes.
Conscient qu'il ne peut éviter la formation de complots tant que Marie de Médicis reste en exil, le roi accepte son retour à la cour. Elle revient alors à Paris, où elle s'attache à la construction de son
Palais du Luxembourg. Après la mort de
Charles d'Albert, duc de Luynes, en
décembre 1621, elle effectue peu à peu son retour politique. Richelieu joue un rôle important dans sa réconciliation avec le roi. Il parvient même à faire revenir la reine-mère au
Conseil du roi.
À cette époque, Marie de Médicis joue un grand rôle dans la vie artistique parisienne en commandant de nombreuses peintures, notamment à
Guido Reni et surtout à
Rubens qu'elle fait venir d'Anvers pour l'exécution d'une galerie de peintures (composées entre
1622 et
1625) consacrées à sa vie (le
cycle de Marie de Médicis). De nos jours, il subsiste 24 tableaux conservés au
Louvre.
Marie de Médicis continue à fréquenter le
Conseil du roi en suivant les conseils du cardinal de
Richelieu, qu'elle a introduit auprès du roi comme ministre. Au fil des ans, elle ne s'aperçoit pas de la puissance montante de ce protégé et client. Quand elle en prend conscience, elle rompt avec le cardinal et cherche à l'évincer. Ne comprenant toujours pas la personnalité du roi son fils, et croyant encore qu'il lui sera facile d'exiger de lui la disgrâce de Richelieu, elle tente d'obtenir le renvoi du ministre. Après la
Journée des Dupes, le
12 novembre 1630, Richelieu reste le principal ministre et Marie de Médicis est contrainte de se réconcilier avec lui.
Elle décide finalement de se retirer de la cour. Le roi, la jugeant trop intrigante, l'incite à partir du
château de Compiègne. De là, elle s'enfuit le 19 juillet 1631 vers
Etroeungt(
Comté de Hainaut) où elle dort avant de se rendre à
Bruxelles. Elle compte y plaider sa cause. Cette évasion n'était qu'un piège politique tendu par son fils qui avait retiré les régiments gardant le château de Compiègne. Réfugiée auprès des ennemis espagnols de la France, Marie de Médicis est privée de son statut de reine de France, et donc de ses pensions.
Pendant ses dernières années, elle voyage dans les cours européennes, aux
Pays-Bas espagnols auprès de l'
Infante Isabelleet de l'ambassadeur
Balthazar Gerbier qui tente de la réconcilier avec Richelieu, en
Angleterre pendant 3 ans où elle côtoie les réfugiés protestants, puis en
Allemagne auprès de ses filles et de ses gendres où elle tente à nouveau de former une « ligue des gendres » contre la France, sans jamais pouvoir rentrer en France alors que ses partisans sont embastillés, bannis ou condamnés à mort. Réfugiée dans la maison prêtée par son ami
Pierre-Paul Rubens à
Cologne, elle tombe malade en juin 1642, et meurt dans le dénuement le 3 juillet
1642, quelques mois avant Richelieu. Son corps est ramené à
Saint-Denis, sans grande cérémonie, le 8 mars
1643, tandis que son cœur est envoyé à
La Flèche, conformément au souhait d'Henri IV qui voulait que leurs deux cœurs fussent réunis.
Louis XIII meurt au mois de mai suivant. Son tombeau est
profané en 1793.
De nouveau, le roi est un enfant et la régence est confiée à la veuve du roi défunt,
Anne d'Autriche.
« Marie de Médicis, dont toutes les actions ont été préjudiciables à la France, échappe à la honte qui devrait couvrir son nom. Marie a dissipé les trésors amassés par Henri IV, elle ne s'est jamais lavée du reproche d'avoir connu l'assassinat du roi, elle a eu pour intime
d'Épernon qui n'a point paré le coup de Ravaillac et qui connaissait cet homme de longue main ; elle a forcé son fils de la bannir de France, où elle encourageait les révoltes de son autre fils Gaston ; enfin, la victoire de Richelieu sur elle, à la journée des Dupes, ne fut due qu'à la découverte que le cardinal fit à Louis XIII des documents tenus secrets sur la mort d'Henri IV
3. »
- ↑ prénommé à tort "Nicolas" par certains auteurs
- ↑ L'Histoire du Grand-Duché de Toscane, de Jacopo Riguccio Galluzzi, publiée en 1781, mentionne la date du 26 avril 1573 qui a depuis été reprise par l'ensemble des biographes de Marie de Médicis. Des recherches récentes ont permis de retrouver l'acte de baptême de Marie de Médicis, [présentation en ligne [archive]], en date du 27 avril 1575 et corriger en conséquence une erreur perpétuée pendant deux siècles. Cf. Jean-François Dubost, Marie de Médicis, la reine dévoilée, Payot, 2009, 1040 p. (ISBN 2-228-90393-0), p. 48-49, qui renvoie à une communication de Maria Fubini Leuzzi intitulée Maria dei Medici. La costruzione di una regina : dall infanzia al matrimonio au colloque Medici Women as Cultural Mediators (1533-1743) (Florence, 2008).
- ↑ Sur Catherine de Médicis, Édition Furne, vol.15, p.471
Sur les autres projets Wikimedia :
- Jean-François Dubost, Marie de Médicis, la reine dévoilée, éd. Payot, 2009, 1039 p. (ISBN 978-2-228-90393-6).
- Michel Carmona, Marie de Médicis, Paris, Fayard, 1981.
- Philippe Delorme, Marie de Médicis, épouse de Henri IV, mère de Louis XIII, Paris, Pygmalion, 1998.
- Sara Mamone, Paris et Florence, deux capitales du spectacle pour une reine: Marie de Médicis, Paris, Seuil, 1990.
- (s.d.) Marie-Noëlle Matuszek-Baudouin, Marie de Médicis et le Palais du Luxembourg, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1991.
- La France de la monarchie absolue, 1610-1715 [publ. par] L'histoire ; introd. et bibliogr. commentée par Joël Cornette, Paris, Seuil, 1997.
- Jean-François Dubost, La France italienne, xvie et xviie siècles, Paris, Aubier Montaigne, 1998.
- (s.d.) Marc Fumaroli, Françoise Graziani et Francesco Solinas, Le "Siècle" de Marie de Médicis, actes du séminaire de la chaire rhétorique et société en Europe (XVIe-XVIIe siècles) du Collège de France, Edizioni dell'Orso, 2003.
- Paoloa Pacht-Bassani (et al.), Marie de Médicis, un gouvernement par les arts, Somogy, 2004.
- Mathieu Delaunay, Les Ancêtres de Marie de Médicis. – Paris : Éditions généalogiques de la Voûte, coll. « Reine de France », 2005. 44 p., 21 cm. – [ISBN 2-84766-253-7].
- Helga Hübner, Eva Regtmeier: Maria de' Medici. Eine Fremde. Florenz - Paris - Brüssel - London - Köln, Hrsg. v. Dirk Hoeges. Dialoghi/Dialogues. Literatur und Kultur Italiens und Frankreichs, Band 14, Peter Lang, Francfort 2010ISBN 978-3-631-60118-1.