Patrick Modiano, lauréat du prix Nobel de littérature
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L'auteur français Patrick Modiano a été récompensé par le prix Nobel de littérature« pour son art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation », selon les jurés, qui ont dit à la télévision publique suédoise que l'Académie n'avait pas réussi à joindre le lauréat avant d'annoncer sa victoire.
Né en 1945, Modiano a publié son premier roman, La Place de l'étoile, en 1968, et reçu dix ans plus tard le prix Goncourt pour Rue des boutiques obscures. En 1996, ce sera le Grand Prix national des lettres pour l'ensemble de son œuvre. Et maintenant, le Nobel pour définitivement consacrer une carrière littéraire d'une trentaine de romans qui ont raconté le Paris de la Seconde Guerre mondiale.
L'AUTOBIOGRAPHIE, « VAPORISÉE DANS L'IMAGINAIRE »
Son dernier livre, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, est sorti en librairie au début du mois d'octobre. Un roman de 160 pages qui emporte le lecteur dans l'univers de l'écrivain, détective du passé, voguant dans ses souvenirs. Ici, ceux d'un enfant perdu, dans les années 1950, environné de personnages louches.
Rencontré par Le Monde des Livres en 2013, à l'occasion de la sortie d'un volume reprenant dix de ses romans, Patrick Modiano expliquait alors quà ses yeux, la matière autobiographique n'a d'intérêt que si elle est "vaporisée dans l'imaginaire", "aérée" par lui. Son rêve aurait été de présenter le cahier photo "comme un scrapbook", en déchirant les photos ou en les massicotant pour les déréaliser un peu – lui qui se méfie tant de la "pose autobiographique", de son "ridicule", de son"côté plombé".
Au fond, cet homme d'une grande douceur restait un peu perplexe devant le caractère définitif, l'impression d'embaumement ante mortem d'une entreprise comme celle de la prestigieuse collection "Quarto", où si peu d'écrivains entrent de leur vivant. Il confiait n'avoir pas tout à fait relu les textes qui y sont rassemblés, parce qu'à trop se pencher sur ce qu'on a écrit on se retrouve "paralysé". Et lui, que l'on croit toujours si nostalgique, voulait continuer d'écrire et d'avancer